L'observation intérieure

Observation intérieure et développement personnel

L’observation intérieure est un exercice de conscience, une attitude intérieure, une présence à ce qui se passe en nous, dans l’instant présent. Il s’agit de chercher à se contenter d’être, plutôt que de faire. On prend alors une position de recul par rapport à nos automatismes, nos mouvements spontanés, les réactions habituelles de notre personnalité – notre ego – et ce recul permet de trouver un “endroit” en nous-mêmes où l’ego a moins d’emprise, et nous gagnons alors en détente, en liberté et en discernement. On peut parler de méta-position pour caractériser cet exercice de recul. C’est ainsi qu’en parle la PNL.

Beaucoup d’auteurs ont écrit sur l’observation intérieure et depuis très longtemps. Et si le sujet était jadis réservé à l’usage scientifique des psychologues ou la quête spirituelle des méditants, il touche aujourd’hui un nombre grandissant de personnes qui sont à la recherche de bien-être, de sens et de développement personnel.

En effet, l’observation intérieure est un exercice qui est souvent reconnu comme étant à la base de tout développement personnel. Et ce n’est pas sans raison : comment développer quelque chose qu’on ne connaît pas, et même qu’on ne constate pas ? Ce serait comme développer une entreprise sans échanges ni réunions internes… ou pire, sans même être au courant de l’existence du personnel ! (Le mot est d’ailleurs intéressant pour la métaphore.) Du point de vue du dirigeant, c’est comme si l’entreprise n’existait pas. Il n’est donc plus dirigeant de grand chose… De même, si nous ne savons pas ce qui se passe en nous, comment pouvons-nous nous développer ?

Par ailleurs, si nous étouffons – consciemment ou non – nos mouvements intérieurs : les peurs, les enthousiasmes, les réactions de toutes sortes, ils moisissent et finissent par se faire sentir de manière sournoise, par des humeurs et des douleurs physiques qui nous gâchent la vie.

L’observation intérieure permet donc de “se nettoyer psychiquement” et de reprendre prise sur soi-même. Il existe encore bien d’autres effets bénéfiques de l’observation intérieure : détente, connaissance de soi, estime de soi, concentration, enrichissement du sens de la vie, réduction du sentiment que le temps nous file entre les doigts…

Mais pour l’heure, voyons en quoi consiste l’observation intérieure. Mon parcours  m’a amené à faire l’expérience, de nombreuses manières, de l’observation intérieure – et de ses difficultés – et à me questionner sur les tenants et les aboutissants de cet exercice de conscience. Je vous livre ici quelques réflexions et conseils pratiques, dans l’espoir de vous inspirer l’envie d’essayer et de persévérer dans cette aventure transcendante.

L'entrée en observation intérieure

L’observation intérieure est un état d’être, une attitude intérieure dans laquelle on “entre”, avec un peu de concentration. Voici quelques indications pour l’entrée en observation intérieure. Vous pouvez prendre quelques secondes pour vous y essayer.

Posez votre attention en vous-même, installez-vous dans votre conscience :
Goûtez vos impressions du moment.
Quel est mon vécu intérieur, là maintenant ?
Des sensations particulières, picotements, raideurs, chaud/froid ?
Des ressentis particuliers ? peur, impatience, réjouissance ?

Ou bien trouvez-vous votre propre idée d’entrée. L’idée, c’est de se poser en spectateur – intérieur – de soi-même, comme si vous étiez dans un musée. Mais pas seulement un spectateur oculaire : un spectateur qui serait au premières loges d’un spectacle plus complet encore qu’au Futuroscope, avec image, son, odeur, sensation, goût, et même émotions et pensées !

Vous pouvez entrer en observation intérieure à peu près n’importe quand. Cependant, c’est plus facile quand on ne bouge pas, ou que l’on fait des mouvements que le corps connaît bien – marcher, se laver les mains, etc. Je vous encourage aussi à essayer lors des conversations conflictuelles, de manière rapide et “furtive”, et pendant que vous ne parlez pas – difficile de bien s’observer pendant qu’on s’adresse à quelqu’un. Ça vous aidera à prendre du recul tout en restant présent(e) à la situation.

Mise en abyme de l'observation intérieure

Il y a un phénomène dans cet exercice qui présente des vertus intéressantes : la mise en abyme, ou succession de méta-positions. Voici le principe : l’observation consciente du vécu intérieur crée elle-même un autre vécu intérieur, et le passage de l’un à l’autre provoque des effets bénéfiques. Par exemple, je vois un arbre et… je ne me dis pas grand chose. Je me conscientise entrain de regarder un arbre – méta-position – et je sens une sorte de profondeur de l’instant. Je poursuis en me conscientisant entrain de vivre cet instant – un niveau d’observation plus loin – et je ressens une paix, mêlée d’un peu de tristesse… Et on peut continuer comme ça. Jusqu’où ? Les possibilités sont sans fin ! Il s’agit d’une mise en abyme : le processus n’a pas de fin et s’arrête donc quand vous le souhaitez. On peut bien sûr s’arrêter pour faire autre chose, et on peut aussi prolonger l’observation d’un vécu sans passer à l’observation du nouveau vécu créé par la première observation. Par exemple, demeurer dans la sensation de profondeur de l’instant lorsque je me conscientise entrain de regarder l’arbre.

Lorsqu’il s’agit de détente, mon expérience personnelle m’indique que si on s’arrête au premier niveau d’observation, par exemple : “j’ai une tension dans la nuque”, on ne détend pas grand chose. Il y a un grand intérêt à poursuivre l’exercice en se demandant : “qu’est-ce que ça me fait de constater une tension dans la nuque ?” et si la réponse est : “ça me met en colère” on peut aller un cran plus loin en se demandant : “qu’est-ce que ça me fait de constater ma colère ?” A ce stade, lorsque j’ai réussi à vraiment rentrer dans le vécu de la question – sans forcément trouver de réponse – j’ai toujours senti une transformation s’opérer en moi : une émotion se décoincer, une tension se défaire, etc. Il est cependant utile de prendre le temps de vivre chaque niveau d’observation et ne pas se précipiter vers le suivant.

Les trois énergies intérieures

Le vécu intérieur peut être considéré sous trois formes différentes. C’est une approche que j’ai trouvée dans l’Ennéagramme et que l’on retrouve aussi ailleurs, notamment dans la médecine chinoise avec les Dan Tian. Elle se compose de trois types d’énergies ou de mouvements intérieurs : les sensations du corps, les émotions du cœur, et les pensées de la tête. Cette déclinaison est pour moi un support très utile à l’observation intérieure : le vécu que l’on cherche à observer est toujours composé d’un assortiment de ces trois énergies. L’une d’elle se présente d’abord à nous, et si on pousse l’observation, on en trouve une deuxième associée à la première. Puis une troisième si on parvient jusque là. Par exemple, je ressens d’abord une émotion, puis une pensée ou une croyance associée, et enfin, avec de la concentration, une sensation quelque part dans le corps. Parfois, et ça peut varier en fonction des types de personnalité – voir l’Ennéagramme – c’est la sensation qui vient en premier, parfois la pensée. C’est souvent lorsqu’on change de niveau d’observation – observation de l’observation – qu’on trouve l’énergie “suivante”. Voici un exercice pratique.

Entrez en observation intérieure, posez votre attention en vous-même.
Qu’est-ce qui vous vient en premier ? une sensation corporelle ? un ressenti émotionnel ? une pensée ? Qu’est-ce que ça me fait de constater cette sensation ? cette émotion ? cette pensée ?
Est-ce que j’obtiens une (autre) sensation ? une (autre) émotion ? une (autre) pensée ?
Qu’est-ce que ça me fait de constater cette nouvelle sensation/émotion/pensée ?
Est-ce que j’obtiens une (autre) sensation ? une (autre) émotion ? une (autre) pensée ?

Exemple : J’entre en observation intérieure.
Je ressens une tension dans l’épaule.
Qu’est-ce que ça me fait de constater cette tension ?
C’est désagréable… hhhh…
Qu’est-ce que ça me fait de constater que c’est désagréable ?
Je ressens un peu de tristesse.
Qu’est-ce que ça me fait de ressentir cette tristesse ?
Ça me met en colère…
Qu’est-ce que ça me fait de ressentir cette colère ?
Je pense à mon cousin qui a promis de m’aider la semaine dernière et qui m’a laissé tomber. Ma mère qui me demande trop de choses…
Rester présent quelques instants à chacun de ces constats.

Il est intéressant de noter que dans cet exemple, la pensée qui vient n’est pas à rejeter. Elle peut sembler polluer l’exercice, mais ce n’est pas le cas : elle est une information aussi légitime et utile que les émotions et mérite d’être entendue. On n’avait peut-être pas songé au lien qui existait entre le cousin et la tension dans l’épaule.

Vous pouvez entrer en observation intérieure à peu près n’importe quand. Cependant, c’est plus facile quand on ne bouge pas, ou que l’on fait des mouvements que le corps connaît bien – marcher, se laver les mains, etc. Je vous encourage aussi à essayer lors des conversations conflictuelles, de manière rapide et “furtive”, et pendant que vous ne parlez pas – difficile de bien s’observer pendant qu’on s’adresse à quelqu’un. Ça vous aidera à prendre du recul tout en restant présent(e) à la situation.

Être présent.e sans contraindre

La grande difficulté, souvent, c’est de ne pas chercher à transformer l’expérience vécue : devenir joyeux quand on est triste, ou calme quand on est agité. Notre personnalité est “cablée” pour éviter la souffrance et accentuer le plaisir, et sans ça l’humanité ne serait peut-être plus là. Mais si ces stratégies sont souvent efficaces à court terme, elles finissent par se payer à plus long terme par des tensions intérieures, voire des maladies.

L’expérience montre qu’un mouvement intérieur – sensation, émotion, pensée – ne se détend que lorsqu’il est pleinement vécu, sans rejet ni maintien, c’est à dire sans contrainte. “Lutter renforce l’ennemi.” Être présent sans contraindre, c’est ce qui garantit la circulation des énergies et accompagne le développement. Cette philosophie est similaire à celle que propose Marshall Rosenberg avec la Communication Non-Violente.

Oui mais voilà : le dire ne suffit pas. Si la contrainte, par exemple le rejet intérieur, est là spontanément, si je sens que je refuse mon vécu intérieur parce qu’il me fait souffrir ? Faut-il que je me contraigne à ne pas le refuser ? Mais alors, je refuserais le refus qui est pourtant lui aussi un vécu intérieur… On tombe dans un contre-sens. Je trouve que beaucoup d’auteurs de l’observation intérieure ou de la pleine conscience disent “observez sans juger” mais ne nous explique pas vraiment comment faire pour ne pas juger. Par exemple, nous entrons en observation intérieure en se disant “cette tension dans l’épaule est une ennemie, elle doit disparaître”, et hop ! nous voilà d’emblée dans le jugement et la contrainte. Et alors, on se met à lutter contre soi-même, se censurer, culpabiliser… et on renforce les tensions plutôt que de les libérer. Avoir envie de libérer les tensions ne fait pas de mal, mais il s’agit de le faire avec elles et non contre elles. Pour moi la solution se trouve dans la mise en abyme ou la méta-position : si vous ressentez du jugement en vous, allez-y, jugez ! Mais soyez pleinement présent à ce jugement, accompagnez-le. Constatez-le. Goûtez-le… Remerciez-le aussi, parce qu’au fond, il cherchait simplement à vous protéger. Puis laissez-le partir – on peut facilement, en cherchant à bien faire l’exercice, s’accrocher à une tension pour être sûr de ne pas lui tourner le dos, et on tombe alors dans un excès inverse.

Voici une technique que j’utilise dans ce genre de cas. Elle peut être élargie à de nombreux cas et permet de prendre un recul salutaire.

Remplacer “je juge” par “ma personnalité en entrain de juger”.
Remplacer “je suis nul(le)…” par “ma personnalité se sent nulle”.
Remplacer “j’ai peur” par “mon esprit a peur”.
Remplacer “j’ai froid” par “mon corps a froid”. Etc.

Ça peut sembler un peu bizarre, mais je vous encourage à essayer, le résultat pourrait vous surprendre !

Faire face à ce qui vient

La personnalité redoute souvent l’observation intérieure parce qu’elle craint de faire face à la souffrance, aux “démons”, ou à tout ce qui pourrait être désagréable. On repousse alors l’exercice jusqu’à ce que les tensions internes soient insupportables… C’est tout à fait humain. Votre conscience, le fond de vous-même, ne craint rien – parce que rien ne peut lui arriver – mais la personnalité, qui est plus extérieure, craint de disparaître. Plus vous êtes conscient(e) de ça et plus vous arriverez à rentrer dans l’exercice et faire face à vos ombres. Si besoin, faites appel à un(e) ami(e) ou un thérapeute pour vous accompagner. Ensuite, comme pour toute activité, on s’habitue à s’observer et on intègre cette expérience dans notre zone de confort. La personnalité se souvient que ce n’est pas si terrible, et elle en vient même à considérer l’observation intérieure comme une source de plaisir et à l’intégrer à ses stratégies de détente ! Patience donc…

Je vous encourage à expérimenter, essayer de nouvelles choses et constater les résultats… Et n’hésitez pas à me partager vos expériences et réactions.

Bonne route 🙂

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